Histoire:
Pedanius Dioscoride, né entre 20 et 40 ap. J.-C. à Anazarbe en Cilicie (sud-est de l’actuelle Turquie) et mort vers 90 ap. J.-C., est un médecin, pharmacologue et botaniste grec.
Son œuvre majeure, Materia Medica, constitue une source fondamentale de connaissances sur les remèdes issus du règne végétal, animal et minéral. Ce texte, rédigé en grec ancien, mentionne notamment le ciste ladanifère, faisant de De Materia Medica la plus ancienne source écrite connue à évoquer cette plante et ses usages. L’œuvre a influencé les pratiques médicales et pharmaceutiques pendant près de 1 500 ans, traversant les périodes de l’Empire romain, de l’Empire byzantin, du monde arabe classique et du Moyen Âge jusqu’au début de l’époque moderne en Europe.
Son nom, du grec kiste, qui signifie « capsule », fait référence à la forme caractéristique de son fruit. Apprécié dès l’Antiquité pour son parfum ambré et ses multiples propriétés, le ciste était employé lors de rituels religieux et pour élaborer des onguents et des pommades médicinales. Sa résine, le labdanum, entrait dans la composition des essences sacrées de l’Égypte ancienne, aux côtés de l’encens, du cèdre, de la myrrhe et du benjoin.
Découverte d’un pain de résine de ciste ladanifère dans une tombe carthaginoise
Lors de fouilles menées au début du XXᵉ siècle sur le site de Carthage, les archéologues mirent au jour une tombe carthaginoise parfaitement scellée, datée de l’époque punique tardive. Parmi le mobilier funéraire — fioles d’onguents, parures et objets rituels — fut découvert un petit pain noirci de résine aromatique, longtemps pris pour du bitume.
L’analyse révéla qu’il s’agissait de ladanum, la gomme du Cistus ladanifer, une résine sacrée largement utilisée dans les cultures phéniciennes et carthaginoises. Réputé pour ses vertus protectrices et purificatrices, le ladanum entrait dans la composition des parfums, des encens et des onguents funéraires.
Son dépôt dans la tombe témoignait d’un usage rituel spécifique :
le protéger le défunt, accompagner son passage, et symboliser la résilience et la force lumineuse attribuées à cette plante méditerranéenne.
Cette découverte confirma l’importance du ciste ladanifère dans les traditions aromatiques de l’Antiquité punique, où sa résine était considérée comme une substance précieuse, à la fois parfum, remède et offrande sacrée.